Observations par M. Jukka Valtasaari, Secrétaire d´État, ministère des Affaires étrangères, à la Conférence des Parlements européens à Helsinki, 20 juillet

Conférence des Présidents des Commissions des Affaires étrangères des Parlements des États Membres de l´Union européenne, du Parlement européen et des Parlaments des États candidats à Helsinki, 20-21 juillet 1999

M. Jukka Valtasaari,
Secrétaire d´État,
Ministère des Affaires Étrangères,
Finlande

La Politique etrangère et de sécurité commune de l´Union européenne: priorités de la Présidence finlandaise de l´UE


Mesdames, Messieurs, Hôtes de marque

Permettez-moi d´abord d´exprimer le plaisir que me procure la possibilité de partager avec vous quelques réflexions sur les priorités de la Présidence finlandaise dans le domaine de la Politique étrangère et de sécurité commune.

Assumant pour la première fois de son histoire la Présidence de l´Union européenne, la Finlande a pris place à une table au menu déjà fixé, y compris les surprises du Chef. Elle y ajoutera néanmoins quelques épices de son choix pour y apporter une saveur nouvelle.

C´est bien de cette manière que la Présidence se doit d´agir : Développer l´agenda existant en l´assortissant d´idées et de propositions nouvelles. Cela est particulièrement vrai dans le domaine de la PESC. Les priorités finlandaises sont celles que nous partageons avec nos partenaires. Nous pourrions assimiler l´agenda de la PESC davantage à une série de tâches à accomplir qu´à des priorités.

Avant de passer aux questions de la PESC, je souhaiterais néanmoins vous rappeler que notre plus important défi est bien celui de l´élargissement de l´UE. Il est tout à fait possible que l´instrument de politique étrangère le plus puissant soit l´intégration continue, soit la perspective d´une adhésion à l´Union. La politique d´élargissement transformera et unira l´Europe d´une profonde manière. Cette vision de l´ensemble est parfois occultée par l´observation du cadre institutionnel de l´Union. Selon une expression finlandaise, "l´arbre cache la forêt".

Le Sommet qui sera organisé à Helsinki en décembre prendra d´importantes décisions sur la prochaine phase d´adhésion, y compris la question de savoir s´il faut élargir à d´autres candidats les négociations formelles. Notre but est de donner aux candidats un bon stimulant pour les motiver à poursuivre les préparatifs d´adhésion. Le conflit du Kosovo a ajouté une nouvelle dimension et un solide argument à l´accélération du processus d´élargissement. La crédibilité du processus reposant sur les critères de Copenhague et le screening individuel des candidats doivent être maintenus en toutes circonstances.

Permettez-moi à présent de vous exposer certaines des priorités de la Présidence finlandaise en matière de PESC :

(1) Gestion de l´Après-conflit du Kosovo et stabilisation des Balkans occidentaux en général

(2) Renforcement de la PESC par la mise en oeuvre du Traité d´Amsterdam

(3) Développement de la politique commune en matière de sécurité et de défense

(4) Préparation des stratégies communes à l´égard des Balkans occidentaux, de l´Ukraine et de la Méditerranée, et mise en oeuvre de la stratégie commune à l´égard de la Russie;

La gestion de la situation consécutive au conflit du Kosovo et plus généralement dans la région des Balkans occidentaux constituera une tâche majeure de la Présidence finlandaise. Tandis que la KFOR s´emploie à créer les conditions d´un retour sûr et rapide des réfugiés du Kosovo, l´Union européenne doit endosser la responsabilité première de la reconstruction. Mais il ne s´agit pas seulement de reconstruction : l´UE doit également jouer, entre autres, un rôle central dans les efforts de stabilisation de l´Europe de Sud-Est en usant pour ce faire de moyens politiques et économiques. La Présidence finlandaise oeuvrera au rapprochement des pays de la région et de l´Union.



La Politique Étrangère et de Sécurité Commune est un phénomène tout à fait nouveau dans l´histoire de l´Europe. Ceux qui en soulignent la faiblesse ne devraient jamais le perdre de vue. En matière de politiques de commerce international et d´économie, l´Union européenne pèse lourd et est à l´égal des États-Unis et du Japon dans le système des échanges internationaux. Tel n´est pas le cas dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité. Notre but est de doter l´Europe d´une puissante voix qu´elle saura faire entendre dans les questions globales de politique internationale.

Notre deuxième priorité est donc le renforcement de la PESC et la mise en oeuvre réussie des nouvelles dispositions qui ont été énoncées, en matière de PESC, dans le Traité d´Amsterdam. Les rapports entre la Présidence, le Haut représentant et les autres acteurs devront être définis.

L´agenda comporte la tâche de créer un concept stratégique commun pour la promotion de la sécurité en Europe et dans le monde. L´un de ses éléments constitutifs est le développement de la politique étrangère et de sécurité commune et le renforcement de la capacité de l´Union à gérer elle-même les crises militaires.

Le conflit du Kosovo rappelle qu´il nous revient de développer la politique de sécurité et de défense de l´UE, conformément à la déclaration et au rapport de Cologne. Nous pensons que le temps est venu de doter l´UE d´instruments efficaces pour accomplir des missions de gestion des crises, instruments qui seraient aussi militaires que politiques.

La mission qui attend l´Europe n´est pas, en effet, de préparer sa défense collective, mais d´assurer la prévention, la gestion et le règlement plus efficace et plus global des différends et conflits, du genre de ceux qui ont persisté en Europe pendant la première décennie de l´Après-Guerre froide.

Pour ce qui est de la prochaine étape de développement de la PESC, qui consistera à rendre opérationnel le potentiel européen de gestion des crises, la Présidence finlandaise a l´intention d´aller de l´avant en développant les propositions au Comité politique et au Conseil Affaires générales. Nous présenterons, au Sommet de décembre, un rapport faisant le point sur les progrès constatés. Nous aborderons aussi les aspects civils, ou non militaires, de la sécurité européenne, dont nous rendrons également compte au Conseil européen d´Helsinki.

Nous sommes conscients de l´importance et du caractère urgent d´une stratégie commune à définir à l´égard des Balkans occidentaux, à la lumière de la situation prévalant à l´heure actuelle. Nous sommes également disposés à faire progresser les stratégies communes à l´égard de l´Ukraine et de la Méditerranée. La première question, au demeurant cruciale, sur laquelle nous devrons nous pencher, sera celle de la définition des objectifs et des moyens de chacune de ces stratégies.

La mise en oeuvre de la Stratégie commune à l´égard de la Russie, arrêtée le mois dernier à Cologne, constituera l´une des tâches principales de la Présidence finlandaise. La Finlande a été accueillie dans l´Union comme un pays riche d´une longue expérience d´accommodement et de coopération avec son voisin oriental et à l´expertise reconnue en matière russe. Au sein de l´Union, la Finlande s´est efforcée d´être à la hauteur de ces anticipations en oeuvrant, de concert avec les autres États membres, en faveur d´une Union capable de soutenir efficacement, en tant que partenaire, les engagements pris par la Russie avec une Europe en voie d´unification et ses institutions. C´est la raison pour laquelle la Finlande participe à l´élaboration d´une stratégie à l´égard de la Russie, et qu´elle entend veiller à sa mise en oeuvre, à son développement à venir et à son évaluation.

Outre les principales priorités esquissées ci-dessus, la Présidence finlandaise focalisera son attention sur un certain nombre d´autres questions afférentes à la PESC. Pour n´en mentionner que quelques unes, il s´agit du Processus de pays au Moyen-Orient, de la nomination du nouveau gouvernement en Israël, de la perspective des prochaines élections présidentielles aux États-Unis et de l´urgence de trouver des solutions.

Concernant les questions de désarmement, nous souhaiterions souligner les questions ayant trait à la non-prolifération.

Nous oeuvrerons à la recherche d´un règlement pacifique du futur statut du Timor oriental. Nous apporterons à la fois notre plein soutien politique et une contribution financière substantielle aux efforts du Secrétaire général de l´Organisation des Nations unies. Les Etats membres de l´UE continueront à épauler les efforts de l´ONU par l´envoi d´observateurs et en nommant le ministre irlandais des affaires étrangères, M. Andrews, comme représentant de la Présidence pour la consultation.

Notre effort portera aussi sur la préparation du Sommet EU-Afrique l´an prochain, sur le Sommet OCDE prévu au mois de novembre, ainsi que sur le suivi du Sommet de Rio.

Nous coordonnerons les préparatifs, au sein de l´UE, du Sommet qu´organise l´OCDE à Istanbul en novembre, l´objectif étant d´y adopter une Charte sur la sécurité européenne.

Le conflit armé le plus sérieux et le plus aigu d´Asie se déroule actuellement au Cachemire. L´UE a été active vis-à-vis de l´Inde comme du Pakistan après la récente escalade des hostilités, enjoignant les parties de prendre les mesures conduisant à la cessation des hostilités, au respect absolu de la Ligne de Contrôle, et au rétablissement du dialogue. Nous espérons pouvoir être très prochainement en mesure de féliciter les parties des développements positifs survenus ces tout derniers jours.

Je vous remercie de votre attention































































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